Votre bien-être enseignant est-il une priorité?
Introduction
Vous êtes dans votre salle de classe. La période ne s’est pas déroulée comme vous le souhaitiez. Vous avez eu chaud, vous avez l’impression de ne pas avoir été à la hauteur… Votre premier réflexe? Fuir ce sentiment d’inconfort et bloquer ces pensées qui envahissent votre esprit. Est-ce vraiment une solution susceptible de vous aider? La psychoéducatrice Lilia Turcotte-Estrada partage ses meilleures astuces pour favoriser votre bien-être en tant qu’enseignant!
Prendre conscience de ses émotions
Depuis toujours, l’être humain est programmé pour fuir l’inconfort; qu’il s’agisse d’un énorme mammouth ou d’émotions désagréables de moins grande envergure. Lorsqu’on ignore continuellement ses émotions et ses doutes, on accumule beaucoup de choses dans son for intérieur, ce qui peut avoir des répercussions à long terme, telles que rendre plus irritables ou sensibles. On peut réagir plus vivement! Chaque élément banal peut devenir la goutte qui fera déborder le vase : l’élève qui n’a pas levé sa main ou les paires de souliers qui trainent encore dans l’entrée!
Pour être en mesure de prendre soin de nos élèves et de recevoir leurs émotions de manière sécurisante, il faut d’abord être en mesure de réguler adéquatement les nôtres. Il faut être attentif à ce que l’on ressent. Le corps peut envoyer des signaux d’alarme comme:
le cœur qui débat;
un mal de ventre;
de la difficulté à dormir;
la gorge qui se serre;
la voix qui tremble.
Que se passe-t-il? Il faut nous arrêter et reconnaitre nos émotions pour pouvoir en déterminer la cause et pour extérioriser notre ressenti : il n’est pas nécessaire d’être toujours immédiatement en mode solution. Il faut d’abord prendre soin de nous avant d’être en mesure d’agir.
Faire attention à la positivité toxique!
«Je dois arrêter d’être anxieuse, on est vendredi!»
«C’est moi l’adulte, ça ne devrait pas m’atteindre comme ça...»
«Certains ont eu une journée vraiment pire que la mienne.»
Pour prendre soin de nous, parfois, on essaie d’être positif. Cependant, ce genre de phrase peut avoir un effet destructeur sur notre personne. La pression de demeurer constamment une personne heureuse et positive, même devant l’adversité, est malsaine. C’est une attente irréaliste qui crée un sentiment de honte et d’inconfort accru à l’égard de nos moments plus difficiles. Les émotions, c’est humain! Il est normal d’en ressentir et il ne faut pas nous en sentir coupable. Les refouler, c’est risquer un jour d’exploser.
Pratiquons l’empathie envers les autres, mais surtout envers nous-mêmes. Il est important de nous rappeler que ressentir toutes ces émotions est une réaction saine! Le déni, quant à lui, amène rarement des solutions…
Cultiver son bien-être
Reconnaitre et accepter nos émotions est essentiel pour prendre soin de notre bien-être. Une fois que cela est fait, voici d’autres stratégies qui peuvent faire du bien :
Pour aller plus loin
Odoul, M. (2018). Dis-moi où tu as mal, je te dirai pourquoi. Albin Michel, 256.
Germer, C. (2013). L’autocompassion : une méthode pour se libérer des pensées et des émotions qui nous font du mal. Paris : Odile Jacob.
Fredrickson, B. (1998). What Good Are Positive Emotions? Review of General Psychology, 2(3), 300- 319.
Brackett, M. A., Bailey, C. S., Hoffmann, J. D. et Simmons, D. N. (2019). RULER: A theory-driven, systemic approach to social, emotional, and academic learning. Educational Psychologist, 54(3), 144–161.
Roffey, S. (2017). 'Ordinary magic' needs ordinary magicians : the power and practice of positive relationships for building youth resilience and wellbeing. Kognition & Paedagogik, 103, 38-57.
Un peu plus sur l'autrice
Lilia est psychoéducatrice au sein d’une école secondaire depuis bientôt 7 ans. Elle œuvre auprès des élèves du secondaire, des élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage ainsi que ceux inscrits au programme de formation à un métier semi-spécialisé. Dans le cadre de son travail, elle peut également être appelée à faire du rôle-conseil auprès de son équipe-école.