La résistance au changement : une réaction normale?
Introduction
Qu’est-ce que la résistance au changement? Est-ce une réaction normale? Est-ce seulement une question de perception? Que cache cette réaction de défense face au changement? Découvrez les principaux facteurs qui peuvent influencer les résistances aux changements dans les milieux scolaires pour mieux comprendre et accompagner vos collègues.
Les facteurs à considérer
Dans un comportement de résistance, plusieurs causes possibles peuvent être analysées, selon Céline Bareil, professeure au HEC spécialisée dans le développement organisationnel et la gestion du changement. Ces causes soulignent l’importance de prendre en compte une variété de facteurs lors de la planification et de la mise en œuvre des changements dans vos milieux afin de minimiser la résistance et de favoriser le succès du processus de changement.
Les causes individuelles
Les destinataires du changement peuvent craindre de perdre des éléments importants pour eux-mêmes en raison du changement proposé.
Des enseignants ou enseignantes pourraient avoir l’impression de perdre leur autonomie professionnelle si un changement de pratique homogène à un niveau ou à toute l’école (comme l’implantation des ateliers d’écriture, le retrait des cahiers en français, la transition des dictées traditionnelles vers celles métacognitives, etc.) est provoqué.
Les causes collectives
Les normes sociales et les dynamiques de groupe peuvent être perturbées par le changement, ce qui peut susciter une résistance.
Par exemple, en demandant à tous de travailler sur la Suite Google et de collaborer dans des documents sur Drive, plusieurs enseignants pourraient sourciller puisque leurs habitudes de partage et de planification commune seront affectées.
Les causes politiques
Les enjeux de pouvoir et les luttes pour l’influence peuvent entraver le processus de changement. La résistance au changement pourrait être liée à des changements dans la hiérarchie au sein de l’école ou au porteur de la nouvelle s’il n’est pas perçu comme un leader dans son milieu.
Les causes liées à la qualité de la mise en œuvre
Si le changement est mal planifié ou mal exécuté, cela peut susciter de la méfiance et de la résistance chez les destinataires. Par exemple, si on demande aux enseignants de refaire une planification annuelle en lien avec le nouveau programme de CCQ, mais :
aucune libération n’est accordée ;
les enseignants.es n’ont pas tous été formés.es ;
l’accompagnement pédagogique n’a pas été prévu à l’horaire ou a été prévu dans un moment inadéquat (la fin d’étape ou la période des plans d’intervention).
Les causes liées au changement lui-même
Si le changement proposé ne semble pas avoir de sens ou de valeur pour les destinataires, ceux-ci peuvent être réticents à l’accepter.
Un changement dans les horaires de récréation ou les procédures administratives d’entrée de notes dans le portail sans justification claire pourrait être perçu comme dénué de sens par les enseignants, entraînant ainsi une résistance.
Les causes liées au nombre et à la fréquence des changements
Les destinataires peuvent résister si le changement est perçu comme excessif ou s’il survient trop fréquemment, ce qui peut entraîner de la fatigue due au changement.
En pleine pandémie, on demande aux enseignants d’enseigner en ligne, de transformer leurs évaluations, de planifier le programme, de faire du tutorat, etc.
Des changements fréquents à la direction peuvent faire en sorte que d’une année à l’autre, on passe d’un changement à un autre sans grande cohérence.
L’enseignant.e change de niveau scolaire, de collègues et se fait demander d’ajouter la programmation ou la robotique à sa planification.
Les causes organisationnelles
Si les ressources adéquates ou les conditions nécessaires au succès du changement ne sont pas réunies, cela peut entraver son acceptation.
L’école souhaite que son équipe fasse un virage numérique avec les jeunes, mais la flotte d’ordinateurs est désuète ou chaque classe bénéficie de très peu d’Ipads.
En plus, si les élèves utilisent des outils différents ou des plateformes différentes (Classroom, Portail, Seesaw, site web de la classe, courriels) d’une année à l’autre, plusieurs enseignants.es pourraient percevoir comme inutile de changer leurs pratiques sachant que les élèves en tireront profit uniquement un an.
Conclusion
Il est donc crucial de considérer une multitude de facteurs lors de l’élaboration et de la réalisation des changements de pratiques dans nos écoles. En intégrant une compréhension profonde des dynamiques individuelles, collectives et culturelles au sein de l’organisation de l’école, les gestionnaires peuvent élaborer des stratégies de changement qui tiennent compte des préoccupations et des besoins de toutes les personnes impliquées. En accordant une attention particulière à la qualité de la mise en œuvre, en assurant une communication transparente et en fournissant les ressources nécessaires, les chances de succès du processus de changement sont maximisées.
Pour aller plus loin
Bareil, C. (2004). La résistance au changement : synthèse et critique des écrits
Fullen, M. (2015). Leadership from the Middle : A system strategy
Bareil, C. (2004). La résistance au changement : synthèse et critique des écrits
Fullen, M. (2015). Leadership from the Middle : A system strategy
Un peu plus sur l'autrice
Détentrice d’un baccalauréat en adaptation scolaire et sociale, Marie-Philippe a travaillé en classes spécialisées ainsi qu’en orthopédagogie en milieux scolaires et privés. Présentement gestionnaire et créatrice de contenus à l’Institut des troubles d’apprentissage du Québec, elle satisfait sa curiosité professionnelle en collaborant avec des experts et pédagogues passionnés. Consultante pour l’entreprise ALEO VR, Marie-Philippe conçoit des jeux visant à rééduquer les troubles spécifiques en lecture grâce à la réalité virtuelle. Elle a également fondé l’entreprise ScolAide qui vise à outiller le plus grand nombre d’enseignants et d’élèves en difficulté par le biais de conférences, consultations, capsules vidéos et documentation en ligne. Passionnée de littérature jeunesse et récipiendaire du prix Étincelle de reconnaissance en lecture du MEES, elle a complété un microprogramme en didactique cognitive des difficultés d’apprentissage de la lecture-écriture à l’UQAM et collabore au blogue J’enseigne avec la littérature jeunesse.