Introduction
En contexte de dictée traditionnelle, c’est souvent l’adulte qui dicte des mots ou des phrases et l’enfant les écrit. Une fois la rédaction terminée, l’enfant se met à la recherche d’erreurs possibles. Pour y arriver, il applique un code de correction et cible les mots ou les règles à l’étude. Une fois la correction terminée, l’adulte passe en arrière et valide ou non les choix de l’enfant, avec de courtes explications au meilleur de ses connaissances. Mais est-ce vraiment efficace? Est-ce possible de faire autrement? Comment faire pour amener notre enfant à réfléchir en profondeur?
Évaluer, mais surtout apprendre à réfléchir
Lorsqu’on donne des dictées de mots ou de phrases à notre enfant, on cherche à vérifier si les notions apprises sont acquises ou non, que ce soit par rapport à l’apprentissage de l’orthographe des mots ou de certaines règles d’accords et de conjugaison. Autrement dit, la dictée est souvent un moyen d’évaluer les connaissances que votre enfant devrait maîtriser.
Toutefois, l’apprentissage de l’orthographe des mots ou de certaines règles d’accords et de conjugaison est bien plus qu’une histoire de connaissances! Pour apprendre à bien écrire, il faut apprendre à se questionner, à faire des liens entre les mots dans une même phrase et à comprendre comment les mots sont organisés. Les connaissances servent donc de base pour nourrir la réflexion et le questionnement chez votre enfant. C’est ce que nous souhaitons faire émerger : l’art de se questionner et de réfléchir.
La dictée sous plusieurs formes
En classe, on parle alors de dictées innovantes, des dictées 0 fautes ou de la phrase du jour. Sans vous transformer en enseignants pour autant, vous pouvez soutenir ces pratiques gagnantes en amenant votre enfant à se questionner. N’hésitez pas à vous référer aux outils utilisés par votre enfant en classe.
Voici quelques suggestions pour varier vos dictées :
Votre enfant a une liste de mots à l’étude portant sur la lettre s qui fait ssss ou zzzz. Profitez-en pour lui dicter des mots qui ne font pas partie de la liste, mais qui suivent la même régularité. Lorsque vient le temps de se corriger, demandez à votre enfant de justifier son choix en vous montrant un mot de la liste qui suit cette règle.
Votre enfant doit apprendre les terminaisons d’un verbe à l’étude selon un mode et un temps précis. Commencez par lui dicter des phrases en utilisant différents verbes et pronoms personnels. Demandez à votre enfant d’identifier le verbe et de justifier le choix de la terminaison choisie selon le nombre (1e, 2e ou 3e) et la personne (singulier ou pluriel).
Demandez à votre enfant s’il observe des ressemblances au niveau des terminaisons et d’identifier la partie qui ne change pas dans le verbe. Par la suite, utilisez des groupes de mots qui viendront remplacer les pronoms : (ils → les enfants), (nous → mes amis et moi), (elle → la fille de mes voisins)* et demandez à votre enfant de justifier la terminaison verbale choisie.
*Plutôt vers le 2e cycle du primaire
Demandez à votre enfant de composer une phrase à partir d’un ou deux mots à l’étude (cela peut inclure les verbes à l’étude). Une fois la rédaction terminée, demandez-lui comment il sait que sa phrase est bien construite. On souhaite qu’il cible les constituants obligatoires de la phrase : de qui ou de quoi on parle (le sujet) et qu’est-ce qu’on en dit (le prédicat).
Pour les accords en genre et en nombre, demandez à votre enfant de justifier ses choix : comment sait-il que ce mot s’accorde au féminin? Pourquoi reçoit-il la marque du pluriel? Quel mot est le donneur d’accord?
Vous pouvez aussi faire des phrases à l’oral pour mettre en évidence certains phénomènes. Par exemple : Mes amis attendent l’autobus. Mon ami attend l’autobus. Qu’est-ce qui est différent? Pour quelles raisons on entend le son d à la fin du verbe attendre dans la première phrase? Quel lien peut-on faire avec l’écrit?
Conclusion
Comme vous pouvez le constater, la dictée peut être un excellent moyen de développer les compétences orthographiques. Il suffit de questionner et de susciter des discussions autour des choix que fait votre enfant. La réflexion en profondeur lui permet de prendre pleinement conscience de ce qu’il est en train de faire.
Pour aller plus loin
Chapeleau, N. et Godin, Marie-Pier. (2020). Lecteurs et scripteurs en difficulté : propositions didactiques et orthodidactiques, Canada, Presses de l’Université du Québec, 340p. (collection Éducation intervention)
Daigle, D. et Berthiaume, R. (2021). L’apprentissage de la lecture et de l’écriture : décomposer les objets d’enseignement en microtâches pour les rendre accessibles à tous les élèves, Montréal, Chenelière Éducation, 172p. (collection : jeux pour mieux écrire les mots)
Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur (2017). Référentiel d’intervention en écriture
Ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (2014). PROGRAMME DE FORMATION DE L’ÉCOLE QUÉBÉCOISE ENSEIGNEMENT PRIMAIRE — Liste orthographique à l’usage des enseignantes et des enseignants
Nadeau, N. et Fisher, C. (2006). La grammaire nouvelle : la comprendre et l’enseigner, Montréal, Gaëtan Morin éditeur, 239p.
Un peu plus sur l'autrice
Bachelière en psychologie et en enseignement en adaptation scolaire et sociale de l’UQTR à Trois-Rivières, Marie-Lou a commencé sa carrière dans le monde de l’éducation en tant qu’enseignante en adaptation scolaire. Rapidement, elle s’est intéressée à l’orthopédagogie, domaine dans lequel elle s’est spécialisée au cours des 15 dernières années. De plus, elle a agi en tant que conseillère pédagogique pour outiller les enseignants dans l’adoption de pratiques d’enseignement inclusives et différenciées en salle de classe ordinaire. Marie-Lou a également contribué à la mise en place d’outils d’aide à la lecture et à l’écriture pour soutenir les élèves rencontrant des défis d’apprentissage.