4 signes inquiétants concernant le bien-être émotionnel d’un jeune du primaire
Introduction
Tous les enfants traversent à un moment ou un autre des périodes plus difficiles. Chez les enfants qui vivent des défis scolaires, des risques plus prononcés s’ajoutent aux sentiments, parfois vacillants, de compétence et d’estime personnelle à l’école. Comme enseignant, il est important d’être à l'affût d’une détresse chez ses élèves avant qu’elle ne soit trop importante.
La prévention du risque suicidaire est une intervention à privilégier, même auprès des enfants du primaire. Dans la liste suivante, nous vous proposons des interventions préventives liées à des signes inquiétants que vous pouvez observer ou qui sont présents dans l’environnement de l’enfant.
1. L’isolement social
Nous voulons garder un œil aiguisé quant à tout signe de solitude, de rejet, d’intimidation ou de conflits relationnels chez les enfants du primaire mérite qu’on lui prête une attention particulière, notamment chez les populations à risque.
l’entraînement aux habiletés sociales;
la mise en place d’interventions scolaires favorisant la tolérance, l’inclusion et la bienveillance;
discuter avec le jeune qui s’isole pour créer un lien de confiance en le questionnant sur ses intérêts et son vécu, en soulignant ses forces, etc.;
le pairage avec des pairs prosociaux qui partagent des intérêts communs;
la mise en place d’un comité de bienveillance et de sécurité sociale comme les gardiens de l’empathie et du respect à la récréation;
établir des protocoles et des gestes de réparation définis en ce qui a trait à l’intimidation;
développer une culture de non-jugement par le biais d’activités ludiques (pauses de pleine conscience, kiosques culturels, cuisine du monde);
élargir le répertoire de stratégies d’adaptation de l’enfant;
réaliser des cercles de communication en classe;
faire la promotion des droits des individus (valeurs et codes de vie affichés et discutés fréquemment en classe?);
encourager et valoriser les relations significatives et stables de l’enfant.
travailler en étroite collaboration avec l’équipe-école, la famille et la communauté entourant l’enfant.
2. La présence d’adversité dans l’environnement
Lorsque l’enfant vit dans des conditions empreintes de violence, de conflits, de maltraitance, de dépendance, de difficultés liées à la santé mentale, de deuil (encore plus s’il est lié au suicide) ou d’échecs, cela augmente le risque suicidaire (Gouvernement du Québec, 2021).
Dans de tels cas, voici des interventions à favoriser :
Entretenir des communications bidirectionnelles et proactives avec la famille;
Mettre en place des rituels de fierté dans la classe comme des tapes dans les mains collectives, l’élève de la semaine, etc.
Intégrer l’enfant dans un projet scolaire (groupe de sport, comité);
Consulter les professionnels environnants (psychoéducateurs, psychologues, travailleurs sociaux) et y recommander l’enfant et sa famille CLSC).
3. Des expressions non verbales de détresse
Voici certains comportements et attitudes d’un enfant du primaire qui pourraient indiquer une souffrance importante :
Adopter des comportements agressifs envers soi (se blesser ou s’exposer à des risques de blessure, prendre des médicaments ou tout autre produit plus que prescrit, s’étrangler avec les mains, retenir sa respiration, s’enfoncer des objets dans la peau);
Réaliser des dessins représentant la mort , la violence ou la souffrance;
Faire des mimes de s’étrangler, se trancher la gorge, etc.;
Observer un changement quant aux comportements typiques de l’enfant comme une humeur changeante (anxiété, sentiment d’incompétence, tristesse), des comportements pires ou mieux (demande d’aide accrue, absentéisme, consommation de substances, agitation), biorythme différent (sommeil, alimentation et niveau d’éveil), symptômes somatiques (ex. maux de dos, tête et ventre, troubles physiques qui empirent), ou sur le plan cognitif ( difficulté de concentration, confusion, doute).
favoriser l’expression de soi par l’art (danse, chant, écriture, théâtre, cirque, film, dessin,peinture, etc.) pour aider l’enfant à mettre des mots sur son vécu et ainsi éviter de le refouler;
identifier les erreurs de pensée et leurs alternatives;
enseigner explicitement de stratégies pour prendre soin de soi (boire de l’eau, écouter de la musique, bouger, bien s’alimenter, se féliciter et s’encourager, bien dormir, écouter des films comiques, lire, jouer à l’extérieur, demander de l’aide);
travailler en étroite collaboration avec l’équipe-école, la famille et la communauté entourant l’enfant;
conscientiser les enfants sur les émotions (normaliser les émotions agréables et désagréables, questionner et montrer l’exemple quant à l’expression d’émotions, clarifier le caractère temporaire et essentiel des émotions).
Des expressions verbales de détresse
Si un enfant tient des propos, liés au désir de mourir ou de mettre fin à sa vie de façon explicite (“je veux mourir”) ou implicite (“je veux aller rejoindre ma grand-mère”),par textos ou sur les réseaux sociaux (image d’oiseaux morts, publications portant sur le suicide ou la mort), il est impératif d’agir avec diligence et sérieux.
Dans ce cas, il faut agir de manière concertée avec les différentes personnes qui entourent l’enfant en établissant un plan clair et en assurant le suivi de sa mise en œuvre.
Pour aller plus loin
Gouvernement du Québec, 2021. Guide de soutien pour intervenir auprès d’enfant de 5 à 13 ans à risque suicidaire. https://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/fichiers/2021/21-825-03W.pdf
Un peu plus sur l'autrice
Estelle est diplômée à la maîtrise en psychoéducation par l’UdeM. Son parcours est doté de mentions d’excellence et d’une bourse d’engagement. Depuis dix ans, elle pratique comme clinicienne dans plusieurs domaines dont des dépendances, en milieu scolaire, en itinérance, au niveau multiculturel, en gériatrie, en pédiatrie sociale, en coopération internationale ainsi qu'auprès de familles, enfants, adolescents et adultes à la clinique multidisciplinaire CERC. Principalement psychoéducatrice, Estelle est aussi gestionnaire d’un service de psychoéducation, chargée de cours ainsi que conférencière.